mercredi 18 mars 2009

Les randonneurs de fin de semaine

Lac Te Anau en bordure du village


Nous arrivons a Te Anau en fin d'après-midi. On a vite fait le tour de ce petit village des Fiordlands : une rue principale, longue de 300m, ou tous les magasins sont situes, et c'est tout. Après avoir bu une bière au café du coin, on se rend au centre d'information pour réserver nos places en camping le long du treck. Ferme, on repassera demain. On se pose au bord du lac qui borde la ville afin d'apprécier un bon repas chaud. L'air commence a se rafraichir, et il commence même a pleuvoir juste au moment ou l'on finit de planter la tente. On commence a craindre le pire pour cette marche de trois jours, surtout qu'on pouvait voir d'énormes nuages au-dessus de chacune des montagnes de l'autre cote du lac.

Le matin, alors que nous nous appretions a sortir de la tente, une vieille femme hysterique nous menace d'appeler les flics si on degage pas d'ici. Entre nous, je vois pas qui on derangeait a part elle.

"Les bourgeois, c'est comme les cochons : plus ca devient vieux, plus ca devient bete."
[Jacques Brel]

Jour 1 - Le calme avant la tempête

On se rend donc au centre d'information et on achète nos tickets. Puis on se lance a l'assaut des 65 km de marche. Le premier jour est le plus facile : seulement 45 minutes pour rejoindre la piste, puis 1h30 de marche pour atteindre le premier site de camping. La marche dans la foret le long du lac n'est pas bien difficile, mais nos sacs sont surcharges : nous n'avons pas trouve d'endroit ou deposer des affaires, du coup nous avons environ 20 kg chacun a porter !

On arrive a ce campement en bordure de foret, au bord du lac, vers 15h. On passe l'apres-midi a discuter tranquillement avec Marie, une francaise qui finissait la marche (elle l'a faite dans l'autre sens). Elle nous avertit qu'on risque d'avoir tres froid : en haut des montagnes, le jour precedent, elle avait pris une tempete de neige dans la gueule. On se dit qu'on verra bien...

"Vous avez peur de quoi ? Peur de qui ?
Peur ? Mais vous allez perdre les gars moi j'vous l'dis"
[Aime Jacquet]

On rencontre aussi un couple d'americains bien sympas. On allume un feu tant bien que mal avec du bois encore un peu mouille de la veille. Au passage, on recommande la technique du lance-flammes (briquet + deodorant). Ensuite, on se couche tot car demain s'annonce rude : 10h et demi de marche dans les montagnes pour atteindre le second campement : 23km, 1500m de denivelle.


Le Mt Luxmore, sommet du treck


Jour 2 - L'enfer du sud

Le lendemain matin, le temps etait nettement moins bon. Pluie. La journee s'annonce rude, meme si on espere que ca va changer. C'est pas impossible, vu la vitesse a laquelle le temps change dans cette region des Fiordlands.

A peine sorti du campement, le sentier commence a grimper assez dur dans la foret. Pas de paysages, que des fougeres. Cette foret commence a nous gonfler ! Apres 2-3 heures de marche, on sent la temperature descendre d'un cran et la vegetation changer... La sortie de la foret n'est plus tres loin.

Apres quelques metres en-dehors du bois, on commencait deja a regretter les arbres qui nous protegeait du vent et de la pluie. A partir de ce moment-la le calvaire commenceait vraiment : en quelque secondes, on etait trempe, et un vent glace nous fouettait le visage.

Quelques minutes plus tard, c'etait de la grele que nous avions a affronter. Tant bien que mal, on n'a pas d'autre choix que de continuer a avancer. Les sacs sont lourds, mais on parvient quand meme a atteindre un chalet situe a mi-parcours. Le genou de Yohan recommence a le faire souffrir, et on est tous les deux completement trempes. On reste 2h30 au coin du feu, et on en profite pour secher un peu et bien manger avant de repartir.


On n'a pas de photos d'en haut, alors c'est juste pour donner une idee


Quand nous avons recommence a marcher, la neige a commence a tomber. Tant mieux, au moins on se mouillera moins vite ! Plus que 300 metres de denivelle pour rejoindre le sommet. Le brouillard nous empeche d'apprecier les paysages : on a vraiment l'impression de faire tout ca pour rien...

Plus on grimpait, plus le vent et la neige s'intensifiait. Heureusement, la piste etait abritee du vent par endroits. Mais la plupart du temps il fallait marcher tete baissee pour eviter ce vent glacial. Environ toutes les deux heures, des refuges nous permettaient de soufffler un peu...

"On devrait passer par les mines de la Moria !"
[Gimli, Le Seigneur des Anneaux]

On entamait la descente, trempes, et frigorifies. Mais au fur et a mesure qu'on descendait, l'air se rechauffait. On retrouve une foret qui nous abrite a nouveau du vent et de la neige. Yohan commence a boiter mechament. La descente s'avere plus douloureuse que la montee pour son genou.

Apres encore plusieurs heures de marche, on rejoint le camp un peu apres la tombee de la nuit. On previent la Ranger en charge du camp, afin qu'elle n'envoie pas d'helicoptere a notre secours ;) Il pleut toujours, et on se depeche de planter la tente, eponger l'eau a l'interieur, manger et se mettre au lit. Demain sera egalement une rude journee : 33 km, mais cette fois pas de denivelle. On s'endort avec les epaules en vrac, mais avec la satisfaction d'avoir passe le plus dur.

Jour 3 - Le bout du tunnel

Le lendemain, il pleuvait toujours, mais les arbres nous protegeaient. Pas trop de montees cette fois, mais la fatigue de la veille se fait sentir. Partis un peu tard, on s'arrete au bout de 4 heures pour manger un bout. On recroise un Francais qu'on avait rencontre dans le chalet, la veille. Pas le temps de trainer. C'est reparti.


Yohan vs Les Fougeres


Au bout du 16eme kilometre, on n'en pouvait plus. On etait deja en retard sur l'horaire prevu, et on decide de ne pas terminer la piste. 6 kilometre plus loin, il est possible de rejoindre la route. On terminera en stop pour rejoindre le village de Te Anau.

Apres une courte pause, on reprend de plus belle en pensant a la douche chaude et au bon repas qui nous attendait.


"Plus que 200 metres !"
[Christian Canviel]


Les pieds de Yohan a 6 km de la fin


Arrives au bout, on n'attend meme pas 5 minutes pour etre pris en stop. Un chasseur trop cool nous prend et nous emmene au centre du village. On fait les courses (pommes dauphines, steak et bieres : miam !) puis on prend une chambre dans un backpacker. La douche chaude etait... heu... tropicale. Yohan me dit qu'il avait mis la temperature au "maximum niveau supportable". Le repas et l'apero ont ete tres apprecies.


"Oula, c'est chaud !"
[Haroun Tazieff]


Ouf... Finalement, cette marche aura ete un vrai calvaire. Du froid, de la pluie, de la grele et de la neige, et tout ca pour quoi ? Ben pas grand chose en fait. On n'a rien vu en haut, a cause du brouillard, et c'est bien dommage. Au final, on aura quand meme appris une regle importante : ne JAMAIS faire une marche de plusieurs jours si le temps n'est pas bon...

P.S. : au prochain post pleins de photos de dingues !!!

2 commentaires:

  1. Ah quelle expédition tourmenté, j'aime vos récit romancé, c'est bien marrant !

    Mention spéciale pour la citation de Chritian Canviel elle m'a fait mourir de rire :D

    En tout cas vos photo de paysages sont encore et toujours magnifiques et viennent remplir ma réserve de fond d'écran.

    Courage yoh pour le genou ! Et heu ... les pieds !

    Mais de toutes expérience, heureuse, malheureuse ou éprouvante on tire leçon. Ici si j'ai bien compris : "La marche c'est le mal".

    Sinon ton écran ne sert plus a rien Alex, maintenant il reste au chaud mais prend un peu la poussière. Il attend son maitre avec impatience :)

    Bonne continuation :)

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  2. fatigués par 3 jours de marche?!?

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